La douleur de l'enfant
Un parent bien informé, écouté, respecté est un partenaire actif qui peut contribuer grandement à ce que les choses se passent bien
Si je suis la première à râler quand cela ne va pas, je suis aussi la première à applaudir quand je vois des initiatives plus qu’encourageantes …
Je viens d’assister à un Colloque d’une journée à Paris, sur la Douleur de l’Enfant à l’hôpital dont voici Le programme.
Quand le monde soignant reconnait la douleur de l’enfant
Une journée, une petite journée à écouter de nombreuses équipes soignantes dans leurs démarches, leurs approches et leurs réponses à la douleur induite par les examens et les soins sur les enfants, du bébé prématuré à l’adolescent. Les interventions se sont succédées à un rythme très soutenu, et la vaste salle qui nous accueillait n’était pas loin d’être pleine. J’avais été invitée à ce colloque, et je crois bien que j’étais la seule “non médicale” de la salle ; et si ma présence a suscité questions et étonnements, je n’ai senti aucun rejet, aucune réserve … à entendre ces médecins, ces infirmières, ces équipes soignantes, mon émotion était si grande que je crains que ma voix n’ait tremblé en les remerciant d’être ce qu’ils étaient, et d’être ainsi auprès de nos enfants quand malheureusement il y avait besoin.
Tant que c’est encore tout chaud dans ma tête et mon cœur, quelques remarques, en vrac ….
La prise en charge
… la présence massive des femmes : je ne crois pas être loin du compte en disant qu’il y avait 9 femmes pour un homme ….
… infirmières, en majorité, puéricultrices, pédiatres, médecins anesthésistes remplissaient les gradins venant de France bien sûr, mais aussi de Belgique – de façon conséquente, et de Suisse …
… le changement et l’amélioration des pratiques sont souvent initiées par les infirmières qui ne supportent plus de pratiquer tel ou tel soin dans les conditions “protocolaires” … au sein de leur service, elles se regroupent, présentent des chiffres, des faits, des comparaisons, des protocoles différents à l’équipe des médecins, et permettent ainsi l’évolution de pratiques douloureuses vers des pratiques de respect et de prise en charge de la douleur …
… la douleur induite par les examens et les soins PEUT et DOIT être prise en charge dans tous les cas de figure : il est possible de faire en sorte que cela se passe bien, que cela se passe mieux. C’est possible aujourd’hui …
… le, les parents doivent être présents, s’ils le désirent, auprès de leur enfant quel que soit le soin (hormis intervention chirurgicale bien sur) ou l’examen …
Des parents informés
… un parent bien informé, écouté, respecté est un partenaire actif qui peut contribuer grandement à ce que les choses se passent bien, à ce que l’enfant soit en confiance, à ce que le séjour à l’hôpital soit plus facile pour tout le monde …
… OUI de nombreux soins et / ou examens sont douloureux, voire très douloureux : et cette douleur est bien souvent décuplée par le flou qui les entourent, par l’incompréhension des parents de ce que va subir leur enfant, par la peur qui les nimbent, par les “fausses rassurances” données ici et là pour “ne pas faire peur” … ces comportements “inadaptés” sont nocifs et nuisent au capital confiance des parents et enfants envers les soignants …
… il est plus facilement demandé voire ordonné au parent de sortir que la douleur induite par l’examen ou le soin n’est pas ou mal prise en charge …
… la parole, les attitudes, le visage de l’enfant ne mentent pas : ils sont à écouter et à prendre en compte quoiqu’ils expriment …
… il n’y a AUCUNE RAISON VALABLE à ne pas accepter qu’un parent qui le désire accompagne son enfant jusqu’à la perte de conscience avant opération chirurgicale, et à ce qu’il soit là en salle de réveil … les diverses pratiques faites dans ce sens ici et là démontrent sans conteste possible que cette pratique est bénéfique à tous, enfants, parents, et soignants …
… un enfant coopérant et confiant, un parent attentif et participant sont des promesses de soins plus faciles, plus efficaces, et de gain de temps !!!
Du personnel aux petits soins
… l’accueil bienveillant, la prise en compte des caractéristiques de chaque âge de l’enfance, le soulagement de la douleur induite, la prise en compte systématique des réactions de l’enfant, de ses peurs, l’explication détaillée adaptée à l’age (par le jeu, par les poupées, par les jeux de rôles, par des cdroms ou autres …) dédramatisent la situation et permettent à l’enfant de comprendre ce qu’il va vivre, pourquoi, comment, et surtout font en sorte que l’enfant et les parents soient en confiance, capital confiance qui apporte un énorme bénéfice sur le présent et pour l’avenir : un soin mal expliqué, dont la douleur est mal prise en charge va entraîner peur, méfiance, refus … qui s’installent très vite, mais sont très difficiles à faire disparaître une fois qu’ils sont installés …
… il ne faut pas que l’arbre cache la forêt : nous sommes encore très loin du compte, entre les changements prometteurs et si porteurs d’espoir de certains services, de certains hôpitaux décrits par ce colloque et le fait que cela soit présent et agissant partout, dans tous les hostos …
… il faut que les parents s’investissent et se battent pour faire respecter leurs droits et ceux de leurs enfants auprès des équipes qui ne travaillent pas encore ainsi ; il y a une énorme résistance au changement, mais la patience, le dialogue, l’obstination peuvent venir à bout de bien des obstacles ….
… et dans le même mouvement, il en faut absolument pas hésiter à écrire au directeur de l’établissement, avec copie au service concerné quand votre enfant a vécu des examens ou soins douloureux sans que sa souffrance soit soulagée, quand on vous a refusé de rester près de votre enfant lors d’un soin ou examen douloureux … ET CE SONT DES MEDECINS QUI LE DISENT !!!!
…
je suis revenue avec des kgs d’articles, les actes de ce Colloque, de nombreux dépliants Sparadrap (voir sur : https://www.sparadrap.org ) sur les façons de prendre en charge la douleur induite par tel examen ou tel soin … toute une documentation à éplucher et à intégrer !!!!
Un plein de bonne humeur
Je suis revenue la tête tellement pleine de ces paroles d’espoir, heureuse, émue … j’ai ri – oui, j’ai ri lors de certains exposés, car il y avait un médecin qui débordait d’humour et nous en faisait profiter, j’ai été en colère, j’ai été bouleversée et par le courage des enfants, et par l’investissement de certains membres d’équipes médicales auprès de leurs patients … j’ai découvert un monde dont certains professionnels de la santé m’avaient entrouvert la porte – qu’ils en soient infiniment remerciés – et que je n’espérais pas découvrir …
Blandine Poitel – Maman de trois enfants

